Ces trucs chouettes qui m’arrivent

Il y  presque deux mois -honte à moi pour ce retard, j’ai été taguée par la super chouette Crevette de Mars. Le but du jeu ? Trouver trois petits bonheurs dans ma vie, durant trois jours. C’est donc ce que j’ai fait, ce que vous allez lire date d’un joli week-end d’Octobre.

Vendredi

Ce vendredi là, je suis allée en cours : quatre heures d’amphi, quatre heures de Sciences Sociales super chouettes. C’est dans ces moments là que je me rends compte que j’ai de la chance d’avoir accès à une éducation, et à une éducation que j’apprécie. Alors, quand j’arrive à aller à la fac, je me blottis au fond de mon siège et je laisse le prof me bercer.

Je me suis aussi rendue compte que mes copains de fac étaient drôlement chouettes. Lorsqu’ils m’ont vue, ils ont eu l’air tout contents, m’ont demandé comment j’allais. Et je me suis fait complètement pourrir par une amie, car je n’avais pas répondu à ses messages me demandant si j’avais besoin de quelque chose…

Quand je suis sortie de mes cours, il pleuvait. Mais je n’ai pas ouvert mon parapluie. J’avais complètement oublié les sensations procurées par de simples gouttes d’eau sur la peau, d’habitude j’ai trop mal pour qu’elles soient agréables. En marchant jusqu’au tramway, j’étais la seule à sourire sous la pluie.

Samedi

J’ai passé le week-end à Grenoble chez des amis. Le samedi, nous sommes allés nous promener et nous avons pris les bulles ! De celles-ci, puis de la Bastille, la vie (La vue ! Mais je laisse ce lapsus car il est joli) est absolument splendide. Lorsque je regarde une ville de très haut, alors que les gens sont minuscules et que j’ai l’impression de pouvoir caresser les bâtiments, je me sens encore plus vivante.

Leur fils de six ans m’a tout de suite adopté et ne m’a pas lâché tout le week-end : le samedi, il a été particulièrement adorable et est monté sur mes genoux lors des voyages en bulle. Quand on marchait, il me tenait la main, mais vérifiait tout de même régulièrement que je ne m’étais pas envolée. Il m’a même dit : « Je vais te trouver un travail ici comme ça tu pourras rester avec nous ! »

Le soir, alors qu’il était couché, je suis restée discuter avec ses parents -son papa est un ami d’enfance du mien. Nous étions confortablement installés sur le canapé, une boisson entre les mains et des chocolats sur la table. Et nous avons parlé de tellement de choses : c’est si agréable de discuter avec des gens que l’on apprécie !

Dimanche

Dimanche a été une journée assez calme, ces amis savent que j’ai un syndrome qui me fatigue -je sais que je tiens à eux lorsque je peux leur parler sans aucune gêne de ce qu’il m’arrive. Alors après la marche de la veille, un peu de repos s’imposait. Nous avons fait quelque jeux de société tous les quatre, puis regardé un vieux dessin animé. Entre rires, jeux, film et discussions passionnantes, cet après-midi était absolument parfait.

La nourriture était aussi un plaisir fantastique ! Le papa cuisine divinement bien, le dimanche midi nous avons mangé un gratin dauphinois sublime et un brownie complètement mortel… Et pour mon repas du soir, il m’a préparé un sandwich à base de saumon fumé, de beurre aux cristaux de sel et d’herbes finement hachées… que demander de plus ?

En repartant en voiture de Grenoble, un orage s’est déclaré. J’étais collée contre la vitre arrière, les yeux fixés sur les montagnes, brièvement illuminées par la foudre. Le spectacle était magnifique. Les montagnes seules m’apaisent déjà beaucoup, mais là, c’était comme si la violence de l’orage sortait de mon cœur les rares émotions négatives que je pouvais ressentir à ce moment précis, et allait les détruire au sommet des pics.

Comme d’habitude après un tag, je ne nomine personne, mais sentez-vous libre de le faire et de me donner le lien de votre article, que je posterai à la suite !

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Juste un petit mot pour vous remercier de l’accueil que vous avez réservé à ma première vidéo, j’ai un peu hésité avant de la mettre en ligne, mais grâce à vous je ne le regrette pas une seule seconde ! Vous pouvez vous abonner à ma chaîne par ici, si vous voulez être tenus au courant des prochaines sorties. Ce blog reste un blog, je n’y publierai pas mes vidéos ni ne les mentionnerai à chaque nouveau billet : les deux supports sont distincts -même si vous pourrez retrouver des points communs entre certains articles et certaines vidéos.

Je devrais dormir

Je devrais dormir. Il est presque quatre heures. C’est le matin, tôt. Mais je ne veux pas dormir.

J’ai beaucoup pleuré ce soir. Quand je suis triste, je pleure. Mais quand je suis heureuse aussi. Et ce matin, je pleure avec un joli sourire.

J’ai regardé un film. Il était beau. Le nom des gens. C’est un beau titre, aussi.

J’ai lu. Ça, ça et ça. J’ai pleuré. Encore. Certains mots sont beaux, les personnes qui les assemblent plus encore.

Je suis allée face à mon miroir, je me suis regardée dans les yeux. Enlevé mes lunettes. Remis mes lunettes. Et je me suis aperçue que j’avais grandi. On ne se regarde pas assez dans les yeux.

Je me suis vue, presque grande, presque raisonnable, flottant dans une chemise trop grande pour moi, de beaux yeux étonnés et un peu rouges.

J’ai boutonné la chemise, jusqu’en haut. Me suis tournée, retournée, ne me lâchant pas du regard. J’ai remonté mes cheveux, pour faire comme si. Noué le bas de ma chemise. Dénoué.

J’ai inspiré. Expiré. On ne sent pas assez que l’on respire.

Je devrais dormir. Mais je ne veux pas. Je veux encore être heureuse, et pleurer.

L’avenir de plus tard, même plus trop peur

Ça va, il est légèrement demain matin alors que je commence ce billet : j’ai le droit d’écrire des titres bizarres.

Si vous me suivez sur Twitter, vous avez peut-être déjà vu cela passer : il y a quelque jours, mon nom a été affiché sur une liste bien particulière, me donnant accès à un oral qui pourrait me permettre d’accéder à un double cursus parisien prestigieux. On va dire ça comme ça, restons discrets tout de même, j’ai un anonymat -relatif- à conserver. 2000 dossiers ont été envoyés, 300 déclarés admissibles, moins de la moitié seront pris. L’oral est dans trois semaines.

Si vous m’aviez-vu le soir de la publication des résultats… durant les quatre heures qui me séparaient de l’extinction des feux, j’ai crié, sauté, couru partout dans l’internat, des petites étoiles dans les yeux. Ce n’était pas tant le fait que cela me rapproche de la formation que je voudrais par dessus tout, mais plutôt le fait que, malgré mes notes de terminale au ras des pâquerettes à cause de la maladie, ils aient voulu me rencontrer. Ma lettre de motivation leur a donné envie d’en savoir plus sur moi, Hermine, presque 18 ans et des rêves plein la tête ! Ils m’ont sélectionnée pour l’oral, avec mon 11 et quelques de moyenne générale au deuxième de trimestre de terminale, parce que j’ai des choses à dire, à revendiquer, parce qu’ils m’ont trouvé -peut-être- intéressante !

Et, hier soir, j’ai pu parler avec une première année qui fait partie d’un de ces bi-cursus. Elle a été adorable, alors que, je l’avoue, je m’attendais un peu à être prise de haut, comme si tous les gens de ces bicus étaient obligés d’être hautains et de se sentir supérieurs, faisant partie de « l’élite » et pas nous, pas moi. Je déteste ce mot, « élite ». C’est un mot de prétentieux, un mot qui construit des murs entre les gens, qui fait mal et qui ne sert à rien. Qui classe tout le monde en fonction de critère à la con. Enfin, elle a pu me rassurer, me dire qu’elle aussi avait un profil un peu atypique, et sans avoir de ces bulletins qui frisaient les 18 de moyenne elle avait pu passer l’oral, décrocher la filière. Elle m’a aussi dit de ne pas m’inquiéter, qu’ils seraient très compréhensifs face à mes « problèmes de santé ». J’espère vraiment qu’ils n’y accorderont pas plus d’importance que ça, je n’ai vraiment pas envie d’y passer plus de trente secondes et de perdre le moral en devant leur en parler.

Oui, je suis malade, et si certains adultes me parlent de l’année prochaine avec un ton protecteur, en me disant presque qu’il faudrait me mettre dans du coton et m’enfermer dans une bulle, ils n’ont pas raison. Loin de là. La maladie, je ferai avec, mais je ne la prendrai pas en compte en postulant pour ce qui concerne mes études, mon avenir ! En quoi je serai moins apte que d’autres à faire des choses qui me plaisent, si difficile soit-il d’y rentrer ?

Malade ou pas, ne perdez pas espoir, jamais, on est toujours récompensé à la fin. Croyez-moi, c’est une jeune fille qui avait perdu confiance en elle qui vous le dit.

Les amis

Les amis, quand tu as du mal à marcher, ils te mettent sur une couverture et te tirent pour que tu puisses tout de même te promener dans l’internat. Au début, tu ne sais pas trop si ça va fonctionner, leur truc. Mais eux ils rient et leurs sourires te redonnent confiance : tu grimpes sur la couverture qu’ils ont posé sur le sol. Puis, tout de même, tu t’accroches alors qu’ils commencent à avancer, chacun tirant un coin ; tu dois rester penchée en avant pour ne pas perdre l’équilibre, même si tu es assise. Et tu glisses, tu glisses dans le couloir de l’internat sous le regard médusé des autres élèves et des surveillantes. Et toutes les deux, même pas essoufflées, elles rient tout en te promenant ; et toi, un peu émerveillée, tu te rends compte que tu en as de la chance. Mais pour de vrai, cette fois, pas comme cette chance là.

Les amis, quand tu ne peux pas aller manger, ils te ramènent de la nourriture qu’ils ont pris de leurs propres plateaux. Et, chaque midi, chaque soir, tu te retrouves avec une table de chevet qui déborde de victuailles : pains, beurre individuels, yaourts nature, sucrés, aux fruits, à la vanille, mousses au chocolat, beignets, parts de gâteaux… Une fois, les filles m’ont même ramené une petite assiette avec le dessert du jour : boule de glace, gingembre confit et beignet de pomme ; et elles avaient dû traverser la moitié du lycée avec, l’air de rien. L’autre jour, je leur ai dit que j’avais deviné pourquoi elles faisaient ça : en fait, je suis une divinité dont elles ont peur, alors elles me font des offrandes pour gagner mes faveurs. Ça les a bien fait marrer.

Les amis, quand tu ne peux pas descendre pour aller au club écriture, ils font monter le club à toi. Tous les mardis soir, on a un rendez-vous bien spécial : nous sommes une dizaine à nous retrouver pour écrire, lire et discuter, rire. Mais, ce mardi soir là, je n’a pas pu descendre les deux étages qui me séparent des salles de cours pour les rejoindre, mon genou droit menaçait de lâcher et le gauche n’allait pas bien non plus. C’est sûr, j’étais un peu triste, mais on ne pouvait rien faire, alors pourquoi perdre son temps à pleurer ? Cinq minutes après que la sonnerie ait annoncé le début de l’étude, une amie est venue me chercher dans ma chambre et m’a aidé à marcher jusqu’au -grand- palier du deuxième étage. Tout le club était assis là, par terre sur le carrelage, juste pour que je puisse participer aussi. J’ai eu envie de tous leur faire un grand câlin, mais mes genoux n’étaient pas trop d’accord. Alors je me suis juste assise, et j’ai passé le meilleur club d’écriture de ma vie !

Les amis, quand tu as mal, ils ont mal avec toi. Même si, là, je ne suis pas trop d’accord. Ils ouvrent la porte de ta chambre tout doucement, pour ne pas te réveiller si jamais tu dors. Puis, si tes yeux sont ouverts, et qu’ils le voient, parce que souvent les rideaux sont fermés, ils débarquent. Et, invariablement, te demandent comment tu vas. Tu essaies presque toujours de minimiser un peu, pour pas qu’ils aient trop de douleur à porter, tu essaies toujours de trouver les points positifs de la journée pour les faire sourire. Mais ça ne fonctionne pas à chaque fois. Alors, ils te font un sourire un peu triste, s’asseyent sur le bord de ton lit pour te raconter leur matinée, pour te décrire les derniers exploits des autres lycéens. Quand ils voient que tu es trop fatiguée, ils te laissent te reposer et te disent quand ils reviendront. Et partent avec un peu de ta douleur. Ça ne doit pas être facile, d’être ton ami.

Les amis, c’est mignon, mais parfois c’est un tout petit breton. Quand ils font l’appel avec la surveillante, ils ouvrent la porte très délicatement, sans faire un bruit, regardent si je suis dans mon lit puis murmurent : « c’est bon, elle est là ». Puis ils referment la porte avec lenteur, ôtent leur main de la poignée avec mille précautions pour ne pas me réveiller. Et, une fois qu’ils ont fait ça, se mettent à rire, à s’interpeller et à chanter à voix haute. Ben oui, la porte est fermée. Mais c’est fait de manière tellement innocente que c’est mignon, très mignon.

Mes amis, ils sont tout de même vachement chouettes.

(Et vous, vous êtes chouettes également, parce que vous avez toujours des mots gentils et remonteurs de moral à m’offrir. Alors, ce billet, il est un peu pour vous, aussi.)